La création d’une entreprise implique une période transitoire cruciale entre l’idée initiale et l’immatriculation effective au registre du commerce et des sociétés. Durant cette phase, les entrepreneurs signent souvent des contrats, engagent des dépenses et prennent des engagements au nom de leur future structure. Pourtant, nombreux sont ceux qui ignorent l’importance capitale de mentionner explicitement que ces actes sont conclus pour le compte d’une société en formation. Cette précision, loin d’être un simple détail administratif, constitue un bouclier juridique indispensable pour protéger le patrimoine personnel du créateur.
Le statut juridique particulier de la société en formation
Une société en formation désigne une entité qui n’a pas encore acquis la personnalité morale faute d’immatriculation, mais dont le processus de création est en cours. Cette situation intermédiaire crée un vide juridique potentiellement dangereux pour les entrepreneurs qui agissent durant cette période. Le droit français reconnaît néanmoins l’existence de ces sociétés en gestation et leur accorde un cadre protecteur spécifique.
Contrairement à une société pleinement constituée, la société en formation ne possède pas de patrimoine propre ni de capacité juridique autonome. Elle ne peut donc pas être directement engagée par les actes conclus en son nom avant l’immatriculation. Cette absence de personnalité morale place les fondateurs dans une position délicate vis-à-vis des tiers contractants.
Le Code de commerce prévoit toutefois un mécanisme de reprise des actes par la société une fois immatriculée. Cette reprise permet de transférer rétroactivement les droits et obligations nés pendant la phase de formation vers la personne morale nouvellement créée. Mais cette protection n’opère que sous certaines conditions strictes que les entrepreneurs doivent impérativement connaître.
La jurisprudence a progressivement affiné les contours de ce statut hybride. Les tribunaux reconnaissent ainsi que certains actes préparatoires à la constitution peuvent être opposables à la société future, à condition qu’ils aient été conclus dans l’intérêt exclusif de celle-ci et que leur nécessité soit démontrée pour son fonctionnement initial.

Les risques encourus en cas d’omission de la mention
Conséquences juridiques et financières pour l’entrepreneur
Omettre de préciser qu’un acte est conclu au nom d’une société en formation expose l’entrepreneur à des risques juridiques majeurs qui peuvent compromettre durablement son projet entrepreneurial :
- Engagement personnel illimité : Sans mention explicite, l’entrepreneur agit en son nom propre et engage sa responsabilité personnelle sur l’intégralité de son patrimoine, y compris ses biens personnels
- Impossibilité de reprise des actes : La société immatriculée ne pourra pas reprendre automatiquement les engagements souscrits sans indication claire qu’ils étaient destinés à son compte
- Double facturation potentielle : Les fournisseurs pourraient légitimement réclamer le paiement à la fois à l’entrepreneur personne physique et à la société, créant un risque de double paiement
- Contentieux avec les associés : Les coassociés peuvent contester la reprise d’actes dont ils n’avaient pas connaissance ou qu’ils jugent excessifs, générant des conflits internes dès la création
- Complications fiscales : L’administration fiscale peut requalifier certaines opérations et refuser leur rattachement à la société, entraînant une imposition personnelle inopportune
Ces risques ne sont pas théoriques. De nombreux entrepreneurs se retrouvent personnellement poursuivis pour des dettes contractées avant l’immatriculation de leur société, simplement parce qu’ils ont négligé d’apposer la mention « société en formation » sur leurs bons de commande, devis ou contrats. Les montants en jeu peuvent se chiffrer en dizaines de milliers d’euros.
La responsabilité solidaire entre fondateurs constitue un autre écueil. Lorsque plusieurs personnes créent ensemble une société et qu’elles signent des actes sans préciser le statut de société en formation, elles peuvent être tenues solidairement responsables des engagements pris. Cette solidarité signifie que chacun peut être poursuivi pour la totalité de la dette.
Les conséquences psychologiques ne doivent pas être sous-estimées. Voir son patrimoine personnel menacé par des créanciers alors que l’activité entrepreneuriale démarre tout juste peut générer un stress considérable et détourner l’attention des enjeux opérationnels essentiels au développement de l’entreprise.
La protection offerte par la mention explicite
Mentionner clairement qu’un acte est conclu au nom d’une société en formation crée une présomption juridique essentielle : les tiers sont informés qu’ils contractent avec une entité non encore immatriculée et que la responsabilité pourrait ne pas incomber personnellement au signataire. Cette transparence protège l’entrepreneur tout en sécurisant la relation contractuelle.
Cette mention facilite considérablement la reprise des engagements par la société une fois celle-ci immatriculée. Le conseil d’administration ou l’assemblée générale pourra approuver rétroactivement ces actes, qui deviendront alors pleinement opposables à la société. Sans cette précision initiale, la reprise devient juridiquement beaucoup plus complexe et incertaine.
La bonne foi contractuelle est également préservée vis-à-vis des partenaires commerciaux. Les fournisseurs, prestataires et clients savent exactement à quoi s’en tenir concernant la nature de leur cocontractant. Cette clarté évite les malentendus et les contentieux ultérieurs qui pourraient naître d’une confusion sur l’identité réelle du débiteur.
En cas de litige, la présence de cette mention renforce considérablement la position de l’entrepreneur. Les juges apprécient cette diligence et cette transparence, qui démontrent le sérieux de la démarche entrepreneuriale. À l’inverse, son absence peut être interprétée comme une tentative de dissimulation ou une légèreté coupable dans la conduite des affaires.
Pour approfondir les subtilités juridiques de cette problématique et comprendre les mécanismes exacts de protection qu’offre cette mention, il est recommandé de voir ce document rédigé par des spécialistes du droit des sociétés qui détaille les enjeux précis de cette obligation.
Les modalités pratiques de la mention
La formulation exacte de la mention revêt une importance capitale. Il convient d’indiquer clairement la dénomination sociale envisagée suivie de la mention « société en formation » ou « en cours de formation ». Par exemple : « SARL Innovation Tech, société en formation ». Cette précision doit figurer de manière visible et lisible sur tous les documents contractuels.
L’emplacement de la mention doit garantir qu’elle soit portée à la connaissance du cocontractant avant la signature. Elle doit apparaître sur les devis, bons de commande, contrats, factures proforma et tout autre document précontractuel ou contractuel. La jurisprudence a invalidé certaines reprises d’actes au motif que la mention figurait dans un endroit peu visible ou en caractères trop petits.
Pour les échanges électroniques, la mention doit apparaître dans les signatures d’e-mails professionnels, sur les en-têtes de documents PDF et dans les conditions générales transmises aux partenaires. La dématérialisation croissante des échanges ne dispense nullement de cette obligation de transparence qui s’applique quel que soit le support utilisé.
Il est également prudent de conserver des preuves que les tiers ont effectivement eu connaissance de cette mention. Garder les accusés de réception d’e-mails, les exemplaires signés de contrats ou les captures d’écran de commandes en ligne peut s’avérer précieux en cas de contestation ultérieure sur la qualité en laquelle l’entrepreneur a contracté.

La transition vers la société immatriculée
Une fois la société immatriculée au RCS, une assemblée générale ou un conseil d’administration doit formellement approuver les actes conclus pendant la période de formation. Cette approbation, appelée reprise des actes, rend la société débitrice ou créancière des obligations nées avant son immatriculation. Sans cette formalité, les actes restent personnellement à la charge des fondateurs.
La reprise des engagements doit être documentée avec précision. Un procès-verbal détaillant chaque acte repris, son objet, son montant et sa nécessité pour l’activité sociale doit être établi et conservé. Ce document prouve que les organes sociaux ont validé consciemment les décisions prises pendant la phase de formation.
Certains actes bénéficient d’une reprise automatique selon l’article 1843 du Code civil : il s’agit notamment des actes accomplis par les gérants ou le président dans la limite de leurs pouvoirs statutaires et dans l’intérêt de la société. Toutefois, cette reprise automatique ne dispense pas d’une approbation formelle pour plus de sécurité juridique.
Les partenaires contractuels doivent être informés de l’immatriculation et recevoir un extrait K-bis attestant de la personnalité juridique de la société. Il convient également de leur transmettre les nouvelles coordonnées bancaires professionnelles afin que les paiements ultérieurs soient effectués directement au profit de la société et non plus de la personne physique.
La période de transition administrative nécessite une vigilance particulière. Pendant quelques semaines, des factures peuvent encore arriver au nom de la personne physique alors que d’autres mentionnent déjà la société immatriculée. Une gestion rigoureuse de cette période intermédiaire évite les confusions comptables et fiscales qui pourraient compliquer les premiers exercices de l’entreprise.
Le sésame de la sérénité entrepreneuriale
Mentionner explicitement le statut de société en formation dans tous les actes préalables à l’immatriculation constitue une précaution juridique fondamentale que tout entrepreneur avisé doit intégrer dès les prémices de son projet. Cette simple mention, qui ne coûte rien et ne prend que quelques secondes, crée un rempart protecteur entre le patrimoine personnel et les engagements professionnels, facilite la reprise ultérieure des actes par la société et témoigne d’un professionnalisme rassurant pour les partenaires commerciaux. Négliger cette formalité expose à des risques considérables de responsabilité personnelle illimitée et peut transformer une aventure entrepreneuriale prometteuse en cauchemar juridique et financier. La vigilance dès les premiers instants de la création d’entreprise détermine souvent la solidité des fondations sur lesquelles se construira le succès futur.
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